Toute notre vie est une succession d’expériences qui sont, à la base, neutres en soi.
Dotés de sensibilité, nous avons naturellement tendance à polariser ce que nous vivons en positif (agréable / bien) ou en négatif (désagréable / mal), en fonction de ce que nous ressentons.
Ce que nous retenons principalement d’une expérience, ce sont les sensations qu’elle provoque en nous.
Et plus elles sont intenses, plus l’empreinte émotionnelle est vive et son souvenir marquant.
L’évènement reste gravé dans notre mémoire, de façon consciente ou inconsciente.
Rien ne nous arrive par hasard.
Nous créons et attirons chacune de nos expériences pour une raison spécifique.
Le but est de nous aider à devenir conscients des différents aspects de nous-même, et notamment ceux que nous ne voulons pas voir, comme par exemple, certaines blessures ou souffrances du passé non résolues.
Lorsque nous vivons une situation profondément injuste, que nous nous sentons meurtris, offensés, trahis, rejetés ou humiliés, cette expérience sert à mettre en lumière l’un de ces aspects.
Ce qui était jusque là endormi et que parfois, nous ne soupçonnions même pas, se réveille.
En réaction à l’expérience, de puissants sentiments dévastateurs surgissent et nous submergent : colère, agressivité, amertume, indignation, haine, rancune, rancœur…
Il n’est pas rare non plus de voir la honte et la culpabilité s’inviter à la table des hostilités, défiant notre estime de soi déjà mise à mal.
Profondément affectés par ce que nous venons de vivre, notre justicier intérieur se révolte et le désir de vengeance s’impose alors à notre esprit pour obtenir réparation.
La tentation de riposter est grande, mais le plus souvent nous sommes si bouleversés que nous accusons le coup.
Piégés par l’affront qui nous a été fait, nous nous retrouvons dans une situation d’impuissance auto-justifiée.
Cet état émotionnel peut n’être que passager s’il est surmonté ou bien résolu par l’acceptation ou le pardon.
Mais bien souvent, la sensation intolérable de cette expérience se cristallise en nous.
Nous ne décolérons pas et glissons petit à petit sur la dangereuse pente du ressentiment.
Éprouver du ressentiment envers une personne ou la vie même peut sembler légitime au vu de du préjudice subi.
Mais en réalité, alimenter durablement ce sentiment d’animosité ne fait qu’engendrer un mal-être profond qui nous affecte nous, et nous seuls.
Car celui ou celle qui nous a fait du tort est bien souvent passé à autre chose et n’a pas la moindre idée de ce qui se joue à l’intérieur de nous.
Prisonnier de notre état, nous nous infligeons une double peine.
Nous souffrons d’une part, car notre dignité a été piétinée.
Et nous nous punissons d’autre part, pour une faute que nous n’avons pas commise, en entretenant délibérément ces émotions négatives et en les faisant perdurer dans le temps.
De fait, nous nous empoisonnons littéralement l’existence.
Lorsque le ressentiment devient notre seule focalisation, nous vivons dans la rumination plaintive de ce douloureux souvenir.
Nous ressassons avec amertume la scène qui tourne en boucle dans notre tête, ravivant toujours plus notre peine et notre mésestime de soi.
Nous rouvrons sans cesse la blessure qui ne peut donc pas cicatriser.
Cette fureur sourde nous ronge de l’intérieur et finit par nous consumer, nous privant de toute liberté.
Alors, comment pouvons-nous sortir de cet engrenage et nous libérer du ressentiment?
1° Mieux nous comprendre :
La méconnaissance de soi peut être la source de bien des maux.
Si nous laissons libre cours à nos mécanismes inconscients, nous réagissons de manière impulsive et incontrôlée, au lieu de répondre à ce qu’il nous arrive de façon appropriée.
Le premier pas pour nous libérer du ressentiment consiste donc à mieux nous comprendre en identifiant ce qui nous peine profondément au travers de cette expérience :
Est-ce d’avoir placé notre confiance en quelqu’un qui n’était pas fiable?
Que l’on n’ait pas répondu à nos attentes ou que nous n’ayons pas su les exprimer?
Que nos exigences n’aient pas été partagées ou comprises?
Que l’on ait pas respecté nos limites ou que nous n’ayons pas su les poser?
Que nos besoins n’aient pas été entendus ou satisfaits?
D’avoir manqué de vigilance ou de discernement?
Que nos valeurs aient été bafouées?
En étant aussi honnête que possible, nous sommes plus à même d’observer calmement ce que cette situation a mis en lumière et de prendre le recul nécessaire.
Notre réaction émotionnelle est le plus souvent en rapport avec la blessure que l’événement a révélé, et non avec l’événement en lui-même.
Reconnaître l’origine de notre souffrance permet d’approfondir notre compréhension et ainsi, d’adopter la posture la plus favorable face à ce que nous ressentons.
2° Apaiser notre souffrance :
Apaiser notre souffrance ne signifie pas nier la gravité de la blessure ou l’oublier, mais simplement reconnaître notre douleur avec compassion, en assumant la pleine responsabilité de nos ressentis.
A l’aide de notre attention, nous pouvons redevenir acteur de notre mieux-être et désamorcer la charge émotionnelle qui nous habite.
Nos émotions véhiculent de précieux messages qui demandent à être entendus pour mieux nous libérer du ressentiment.
Il convient d’accueillir ce que nous ressentons avec bienveillance et de gérer le flux de nos pensées qui leur sont étroitement liées.
Retrouver notre paix intérieure passe par prendre conscience de la qualité des pensées et des émotions que nous entretenons.
En veillant à éliminer de notre esprit toute pensée toxique ou hostile relative à notre expérience, nous déposons progressivement les armes dirigées à notre encontre.
Et en renonçant à entretenir ces sentiments de non amour pour nous-même, nous nous libérons de ce fardeau encombrant et destructeur.
Choisir en conscience de ne plus alimenter ce qui nous fait souffrir nous conduit à l’apaisement et à revivre au présent.
3° Vivre au présent :
Nous libérer du ressentiment suppose de lâcher prise sur notre passé.
Le passé est passé et nous ne pouvons pas le changer.
Prendre la décision de ne plus en être esclave permet de retrouver goût à la vie et de pouvoir accueillir ce qu’elle a de plus beau à nous offrir.
Le présent est le seul et unique moment où nous avons la possibilité d’agir en faveur de notre plus grand bien et de nous investir pleinement dans notre quotidien.
La méditation est en ce sens un outil idéal pour prendre de la hauteur, revenir à l’essentiel et nourrir des émotions positives jour après jour.
Sa pratique régulière est d’ailleurs un excellent support pour développer l’empathie, la paix intérieure et l’amour de soi.
Grâce au détachement et à la valorisation de soi, nous renaissons à nous-même et sommes de nouveau disponibles à ceux qui nous entourent.
Prendre l’engagement de vivre au présent est un processus qui peut demander du temps et du courage aussi, mais faire ce pas vers soi en vaut vraiment la peine.
Car il s’agit ici de nous choisir et nous autoriser à être en paix en acceptant l’expérience vécue.
4° Accepter notre vécu :
Accepter l’expérience signifie nous donner le droit d’expérimenter et d’apprendre à travers ce que nous vivons.
Certaines leçons sont parfois plus difficiles que d’autres, notamment lorsqu’il s’agit de reconnaître ce qui est bénéfique pour nous et ce qui ne l’est pas.
Cet apprentissage de tous les instants implique que nous soyons attentifs et vigilants à ce qui se manifeste en nous et autour de nous.
Nous libérer du ressentiment, c’est accepter d’avoir été blessé et choisir d’aller de l’avant le cœur léger et en paix, enrichi par l’expérience.
En gardant à l’esprit que nous traversons tous des moments difficiles au cours de notre vie, nous apprenons à cultiver l’indulgence envers nous-mêmes et envers les autres.
Il faut bien admettre que nous manquons parfois de discernement et que nos réactions ne sont pas toujours appropriées ou constructives.
Nous pouvons ainsi mieux accepter l’imperfection de l’autre, et la nôtre aussi, car nous sommes tous faillibles.
Accepter notre vécu et en tirer les leçons positives aident à avancer, à nous transformer et à grandir dans la compréhension et l’amour de soi.
Notre expérience peut même devenir une source d’inspiration et d’encouragement pour les autres.
Nous libérer du ressentiment, c’est agrandir notre vie et lui redonner de l’éclat.
Notre plus belle revanche, c’est finalement de nous accorder le droit au bonheur et la liberté de vivre pleinement, dans la reconnaissance de qui nous sommes, incluant nos aspects les plus vulnérables.
C’est en développant le pardon et la compassion, envers nous-mêmes et envers les autres, que nous donnons une chance à la paix et à l’amour de s’installer durablement dans nos cœurs.
Peut-être sommes-nous amenés à vivre des expériences jusqu’à ce que nous arrivions à les accepter totalement (sans jugement, sans culpabilité, sans regret) et à nous aimer inconditionnellement à travers elles…
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C’est le moment de le partager !
– Aurélie pour le Printemps des Lucioles –
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